Débats entre la Société Civile et les Partis Politiques
 


«Volontarisme politique et création d'emploi»

La création d'emploi est devenue la préoccupation majeure de tous les dirigeants politiques. En effet, dans un monde de plus en plus concurrentiel, marqué par la mobilité du capital, l'emploi est devenu aussi rare qu'éphémère !

 

Créer de l'emploi permet de réduire le chômage, mais les deux termes ne sont pas interchangeables. Créer de l'emploi par la croissance économique et contribuer ainsi à l'accroissement des richesses est un élément positif. Par contre, créer des emplois de manière artificielle pour diminuer les chiffres du chômage se paie tôt ou tard. Si le Maroc a été obligé de recourir à un programme comme « le départ volontaire» de la fonction publique, c'est bien parce que celle-ci a été hypertrophiée artificiellement pendant des décennies. C'est pour répondre à cette préoccupation de création d'emplois que l'Union Européenne a créé en 2000 le « Programme Communautaire de Lisbonne », destiné à répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux. Le bilan effectué à mis parcours en 2005 a montré les faiblesses des résultats, malgré la bonne volonté des dirigeants, les réformes effectuées et le soutien financier et technique dont les gouvernements ont bénéficié.

 

Le gouvernement Jettou s'était lui aussi saisi du problème en 2005, et avait présenté la plate-forme du gouvernement marocain au cours des « Journées d'Action pour la Création d'Emploi ». Quel bilan peut-on faire de ce programme eux ans après ?

 

La mondialisation introduit une dimension supplémentaire, en enlevant les barrières à la circulation des marchandises, et en ouvrant les frontières nationales à des marchandises de meilleure qualité et souvent d'un coût plus faible.

 

Le Maroc qui a signé un certain nombre d'accords de libre échange, peut en théorie bénéficier de l'ouverture des nouveaux marchés à ses produits. Mais les entreprises marocaines sont elles en position de compétitivité vis à vis de ces pays, alors que nous connaissons l'archaïsme de nombre d'entre elles et l'échec du programme de modernisation qui leur était proposé !

La création d'emplois relève de mécanismes complexes, et elle est soumises à des contraintes multiples. Pour créer des emplois, il faut un projet, un entrepreneur, des terrains viabilisés et bon marché pour construire l'usine, des équipements (pouvant bénéficier d'exonérations de douanes), un accès facile aux sources de financement, une main d'œuvre qualifiée, des cadres bien formés, un savoir faire commercial qui permet de s'implanter sur les marchés concurrentiels, un savoir faire technique (brevets et licences), une recherche développement qui permet l'innovation technologique.

 

De plus la création d'emplois est directement corrélée à l'environnement institutionnel du pays, à savoir son système de gouvernance, son administration et son degré de bureaucratie, le système judiciaire, le droit du travail, le droit fiscal, le droit commercial.

Le volontarisme politique est le levier qui permet au pouvoir d'avoir une stratégie globale, dans laquelle toutes les réformes sont synergiques, et visent à favoriser l'emploi. Le gouvernement peut intervenir par la politique économique ou fiscale, qui peut encourager certains types d'investissements.

Au Maroc, le problème de l'emploi est un défi permanent, parce que la population est jeune, et que le nombre d'emplois réels créés chaque année, est incapable de répondre à la demande.

Il y a un déséquilibre majeur entre l'emploi en zones urbaines et en zones rurales, selon le genre, entre les hommes et les femmes; selon le niveau du diplôme, les gens les plus diplômés étant ceux qui sont le plus au chômage. Que peuvent faire les partis politiques pour agir sur les déterminants de la création d'emploi? Quelles contraintes d'ordre national ou international faut-il lever? Quelles stratégies adopter et quelles solutions préconiser?

Les choix passent par l'analyse des atouts et des faiblesses des entreprises marocaines, et par des négociations et des compromis, tellement les déterminants sont multiples et intriqués. Mais ces choix nécessitent avant tout une stratégie claire et une volonté politique sans failles pour répondre aux besoins des citoyens, jeunes ou moins jeunes, pour lesquels le chômage représente une hantise quotidienne !