Débats entre la Société Civile et les Partis Politiques
 


« UNE EDUCATION DE QUALITE EST ELLE REALISABLE POUR TOUS ? »

NOTE DE PRESENTATION

L’objectif de l’école est triple : socialiser, inculquer les apprentissages de base, former aux compétences permettant l’insertion professionnelle.

Depuis l’indépendance, le Maroc a fourni des efforts importants pour se doter d’un système éducatif performant. Il est à porter au crédit du système éducatif la généralisation de l’accès, ce qui a permis à des générations de jeunes marocains d'accéder à l'enseignement, et pour certains d'entre eux, de faire des carrières brillantes.

Mais pour une promotion de 100 enfants intégrant le cours préparatoire, seuls 6 obtiendront le baccalauréat et une inscription à l'université. Les 94 autres restent en chemin. Parmi les étudiants inscrits à une licence universitaire, le nombre de ceux qui décrocheront le diplôme souhaité, après de nombreux redoublements, reste limité, et ceux qui trouveront un emploi encore plus rares !

Quant à la formation professionnelle, elle est restée le parent pauvre du système, et ce n’est que depuis peu qu’elle bénéficie d’une valorisation, permettant une augmentation significative des effectifs d’élèves y ayant accès.

Le système éducatif marocain dispense-t-il un enseignement de qualité ?

Il est presque impossible de trouver des informations objectives sur la qualité de l'enseignement. Le système s'auto évalue et se perpétue en toute opacité, se remettant rarement en question, si ce n'est au stade des diplômes, à savoir le baccalauréat, la licence ou le doctorat.

Si on en juge par le témoignage des parents, le secteur privé est jugé qualitativement plus performant. Si l’écrasante majorité des marocains (93 %) inscrit ses enfants dans le secteur public, c’est probablement faute de ressources financières suffisantes pour leur permettre l’accès au secteur privé.

Le deuxième jugement est celui des chefs d’entreprise, qui ont du mal à trouver sur le marché marocain des profils correspondant à leurs besoins, malgré un chômage important, particulièrement chez les diplômés.

La comparaison avec la Tunisie, pays présentant de nombreuses similitudes avec le Maroc, en ce qui concerne la langue, la culture, le mode de vie, révèle une performance bien meilleure performance des tunisiens dans presque tous les indicateurs de l’éducation. (Rapport Unesco 2006 Afrique du Nord, Statistiques et analyses sous-régionales).

 

TUNISIE %

MAROC %

Taux d’accès au primaire

95

75 (92 % actuel)

Taux de transition du cycle primaire au cycle secondaire

94

86

Taux de transition entre les deux cycles secondaires

98

71

Enseignement technique ou formation professionnelle

10

7

Nombre moyen d’étudiants du supérieur

2,9

1,1

Taux d’alphabétisation des adultes

74

52

Qualité des apprentissages

69

61

Efficience quantitative (espérance de vie scolaire)

10,5 années

7,7 années

Pour une dépense globale identique en terme de pourcentage du PIB (6% environ) , la comparaison entre le Maroc et la Tunisie montre que la dépense par élève est systématiquement plus faible en Tunisie qu’au Maroc. Cette maîtrise des dépenses justifie les meilleurs résultats obtenus par la Tunisie en termes de couverture scolaire sur l'ensemble du système éducatif, sans que, au moins au niveau de l'enseignement primaire, ce choix se fasse au détriment de la qualité des apprentissages scolaires des élèves.

Si la bataille de la généralisation est à peu près gagnée, avec encore quelques disparités selon le milieu (urbain ou rural) et selon le genre, celle de la qualité est encore posée.

La prise de conscience que le système éducatif est au centre du développement, qu’il s’agisse de civisme, d’intégration sociale et religieuse, de productivité et de compétitivité dans une économie planétaire marquée par une concurrence impitoyable, ont amené les autorités marocaines à faire de l’amélioration du système éducatif la deuxième priorité du pays.

Tous les partis politiques sont conscients que la bataille de l’éducation est primordiale pour l’avenir du pays, et mettent les réformes du système éducatif en tête de liste de leurs priorités.

Mais ces choix existent depuis longtemps, et le Maroc a connu de nombreuses réformes du système éducatif, dont la dernière est celle de la COSEF, qui montre une réelle compréhension des problèmes, mais rencontre de nombreuses difficultés d’application sur le terrain.

Que peuvent faire concrètement les partis politiques, pour que l’école devienne réellement ce lieu d’apprentissage, de socialisation et de formation professionnelle dont le Maroc a besoin, pour faire face à ses ambitieux projets de développement démocratique, économique et social ?

Comment en particulier :

-         corriger les disparités géographiques et de genre, et généraliser l'accès à l'éducation en milieu rural, particulièrement pour les filles, dans un délai raisonnable,

-         limiter la déperdition scolaire,

-         accroître le taux d’achèvement de l’enseignement primaire,

-         améliorer l’accès à l’enseignement secondaire particulièrement en milieu rural,

-         généraliser l'accès au pré-scolaire à tous les jeunes enfants, particulièrement venant des milieux défavorisés,

-         introduire de nouvelles stratégies pédagogiques,

-         introduire les méthodes d'auto-apprentissage, qui permettent une adaptation permanente des connaissances et des compétences,

-         former l'esprit d'analyse et de critique des jeunes enfants et adolescents,

-         combattre les pesanteurs du système, qui bloquent toutes les réformes ambitieuses,

-         rationaliser l’utilisation du budget actuel et où trouver les ressources budgétaires supplémentaires nécessaires à l’amélioration du taux d’encadrement, à la formation continue des enseignants, et au recrutement des nouveaux profils nécessaires pour insuffler des approches pédagogiques innovantes ?

Voilà quelques questions, parmi d’autres, qui devront trouver des réponses adaptées, si nous voulons que l’éducation de qualité soit réellement accessible à tous les marocains.