Débats entre la Société Civile et les Partis Politiques
 


« LE MAROC ET LA PROBLEMATIQUE DE L’ENVIRONNEMENT »

 

Le concept de développement durable et de protection de l’environnement est devenu un thème incontournable de tout débat politique, économique et social.

La définition de base a été donnée par le rapport Bruntland en 1987 : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs».

Les trois piliers du développement durable sont la protection de l’environnement, la croissance économique et l’équité sociale.

L’environnement au Maroc est en dégradation constante et les ressources naturelles s’amenuisent régulièrement : pollution de l’air et des eaux, déforestation, érosion éolienne et hydrique des sols, désertification, la biodiversité menacée, etc.

Parmi les multiples défis liés à l’environnement, le Collectif Démocratie et Modernité a choisi de limiter le débat à trois thèmes : le premier concerne la santé et l’environnement ; le deuxième  la gestion des déchets , le troisième porte sur la problématique de l’eau.

1 –Un environnement protégé est la clé d’une meilleure santé (OMS 1999).

L’environnement peut devenir une source de danger par le biais de phénomènes naturels, d’activités économiques (énergie, industrie…), d’activités humaines (habitations, lieux de travail…). Les vecteurs entre l’environnement et l’homme sont l’air, l’eau, la chaîne alimentaire, les rayonnements ionisants…

 Au Maroc, la pollution atmosphérique en milieu urbain a été étudiée dans certaines agglomérations. Elle est liée en partie au trafic routier, le reste à l’implantation industrielle péri-urbaine. Les mesures des taux d’ozone, de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de dioxyde d’azote sont supérieures aux normes tolérées. Cette pollution est responsable d’une augmentation significative des infections respiratoires, des crises d’asthme, des bronchites (de + 9 à + 38 %), de même que de l’augmentation de l’incidence des conjonctivites (+43 %). La mortalité brute passe de 2% pour une pollution modérée (P50 soit 22 µg/m3 de fumées noires) à 9 % pour une pollution élevée  (P95 soit 87 µg/m3 de fumées noires).

 Les industries qui contribuent le plus à la pollution atmosphérique sont les installations énergétiques (centrales thermiques et raffineries de pétrole), les industries chimiques, du textile, de l’agro-alimentaire, électriques et électroniques, métalliques et métallurgiques.

 Le département de l’Environnement a élaboré deux projets de décrets relatifs à la lutte contre la pollution atmosphérique, transmis au secrétariat général du gouvernement en octobre 1996 et en mars 1997. Ces projets n’ont été adoptés par le parlement qu’en 2002, et par la chambre des Conseillers en 2003.

(http://www.matee.gov.ma/publication/dwn/Pollution_atmospherique_au_Maroc.pdf

 2 – La gestion des déchets :  

Le problème des déchets (environ 6 millions de tonnes par an au Maroc) se pose pour les déchets des ménages, des unités industrielles, des hôpitaux et des activités de soins. Il concerne la collecte des déchets (qui varie de 75 % à 100 % selon les communes), la présence de décharges en zones urbaines et des décharges sauvages dans chaque quartier.  Les déchets hospitaliers représentent 38325 tonnes par an, dont 5 à 10 % sont des déchets à risque et environ 12000 tonnes de déchets médicaux spécifiques. Les déchets industriels représentent environ 975000 tonnes, dont 120000 considérés comme dangereux (présence de métaux lourds éliminés au niveau des décharges publiques ou des cours d’eau, sans neutralisation ni traitement approprié).

 La mauvaise gestion des déchets est responsable d’une pollution de l’atmosphère, du dégagement d’odeurs nauséabondes, d’une pollution chimique et biologique des ressources en eau, d’une dégradation de la qualité de la vie dans les zones urbaines, d’une contamination des sols par les produits dangereux (pesticides, métaux lourds), une pollution du littoral et du milieu marin…

Le coût de la dégradation de l’environnement a été évalué par le Secrétariat d’Etat à l’Environnement à 8,2 % du P.I.B. du Maroc.

http://www.matee.gov.ma/publication/dwn/Dechets_solides_au_Maroc.pdf

 3 : La gestion de l’eau :

Presque partout l’accès à l’eau est devenu problématique, et l’eau potable devient plus rare et plus chère. La journée mondiale de l’eau a été célébrée le 22 mars 2007 sous le thème « Faire face à la pénurie d’eau ».

 Les ressources en eau du Maroc sont estimées à 21 milliards de m3/an, dont 80 % sont absorbés par l’agriculture. Il y a une ponction régulièrement accrue sur les ressources hydriques par la démographie, l’agriculture, le tourisme et le développement industriel.

Les réseaux d’adduction des villes, en raison de leur vétusté, sont responsables de pertes estimées à 35 % des eaux livrées. L’eau est souvent polluée par les produits phytosanitaires, les rejets industriels ou domestiques. L’évasement des retenues des barrages est responsable d’une perte importante en capacité de stockage.

 La protection de l’environnement nécessite une vision globale, au service de laquelle on mobilise les ressources financières et humaines nécessaires, l’expertise technique, la participation individuelle et collective des populations en obtenant leur adhésion par des campagnes de sensibilisation et d’information. Elle nécessite aussi un cadre institutionnel et juridique, de manière à sévir contre les pollueurs et des mesures incitatives positives pour les industries qui acceptent de s’inscrire dans une optique de développement durable propre.

 Le gouvernement marocain a initié un projet de promotion des investissements à travers le mécanisme du développement propre, en vue de développer des énergies renouvelables,  d’améliorer l’efficacité énergétique, d’améliorer le transport en favorisant une politique du transport propre. Le reboisement doit permettre de pallier à déforestation.

Si la démarche est louable, les résultats restent mitigés.

 Citoyens et partis politiques sont fortement interpellés par les problèmes liés à l’environnement. Les solutions retenues doivent garantir entre autres choix, dans le cadre du développement durable, la santé du citoyen, en lui assurant un environnement sain et un cadre de vie agréable, un accès durable à l’eau, une gestion efficace des déchets et une protection des sols et des forêts.